Par Aude Annonier, diététicienne-nutritionniste.
Depuis quelques années, les « superaliments » sont devenus des stars de la nutrition. Acclamés pour leurs bienfaits supposés sur la santé, ils s’invitent dans les smoothies, les salades, et même dans les boissons énergétiques. Quinoa, açaï, graines de chia, spiruline… Ces aliments sont souvent présentés comme des solutions miracles pour améliorer la santé, lutter contre le vieillissement ou perdre du poids. Mais, en tant que diététicienne, je me pose la question suivante : ces aliments méritent-ils vraiment leur statut de « superaliments » ou sont-ils surtout l’objet de campagnes marketing bien ficelées ?
1. Qu’est-ce qu’un superaliment ?
Le terme « superaliment » n’a pas de définition officielle dans le domaine de la nutrition ou celui de la science. Il désigne des aliments considérés comme particulièrement riches en nutriments bénéfiques, tels que les vitamines, les minéraux, les antioxydants, et les acides gras essentiels. Ces nutriments peuvent en effet avoir des effets positifs sur la santé, mais le terme « superaliment » est souvent employé pour valoriser des produits spécifiques et les différencier dans une industrie alimentaire en quête de nouveauté.
2. Les promesses des superaliments : entre vérité et exagération
Les superaliments sont souvent promus comme étant capables de prévenir, voire de guérir certaines maladies. Parmi les bienfaits les plus souvent vantés, on retrouve :
- La lutte contre les radicaux libres et le vieillissement grâce à une haute teneur en antioxydants.
- Une meilleure digestion due à une forte concentration en fibres.
- L’amélioration des fonctions cognitives grâce à des acides gras oméga-3 et ou à des vitamines du groupe B.
- Le soutien du système immunitaire via une richesse en vitamines et minéraux.
Ces promesses ne sont pas dénuées de fondement scientifique, car de nombreux superaliments contiennent effectivement des nutriments importants. Par exemple, les baies de goji sont riches en vitamine C, et les graines de chia contiennent une quantité notable d’oméga-3. Cependant, il est important de nuancer ces affirmations.
3. Le danger de la survalorisation : pourquoi la diversité reste clé
La consommation de superaliments ne doit pas être perçue comme une solution miracle pour compenser une alimentation déséquilibrée. Manger des aliments nutritifs est certes bénéfique, mais les bienfaits ne se manifestent vraiment que dans le cadre d’une alimentation variée et équilibrée. Le véritable risque avec la tendance des superaliments est d’amener les gens à croire qu’ils peuvent compenser une mauvaise hygiène de vie en consommant un seul aliment « magique ».
Exemple concret : La spiruline, souvent appelée superaliment pour sa richesse en fer et en protéines, est un excellent complément dans le cadre d’une alimentation végétarienne ou végétalienne. Cependant, elle ne remplace pas une alimentation équilibrée comportant des légumes, des fruits, des protéines variées et des céréales complètes etc.
4. Les superaliments méritent-ils leur réputation ?
Si certains superaliments ont une valeur nutritionnelle incontestable, ils ne sont pas forcément supérieurs aux aliments plus courants, souvent plus abordables et plus faciles à trouver. Prenons quelques exemples :
- Les baies d’açaï sont vantées pour leur haute teneur en antioxydants, mais elles ne sont pas nécessairement plus bénéfiques que des myrtilles ou des fraises, qui sont également riches en antioxydants, tout en étant plus accessibles.
- Le quinoa, reconnu pour sa teneur en protéines et en fibres, n’est pas plus nutritif que des lentilles ou des pois chiches, des alternatives locales et tout aussi riches en nutriments.
- Les graines de chia sont une bonne source d’acides gras oméga-3, mais les noix, les graines de lin ou même certains poissons gras offrent également une excellente source de ces nutriments.
L’idée que ces aliments sont « super » par rapport à d’autres est donc parfois exagérée. En réalité, ce sont des aliments sains, mais leur statut de superaliments peut parfois être plus lié au marketing qu’à une réelle supériorité nutritionnelle.
5. L’importance d’une alimentation équilibrée plutôt que d’un focus sur les superaliments
En tant que diététicienne-nutritionniste, je conseille souvent à mes patients de ne pas se laisser tromper par les effets de mode et de rester concentrés sur les principes de base d’une bonne alimentation : diversité, modération et qualité des produits. Il est essentiel de privilégier des aliments frais et non transformés, qu’ils soient ou non étiquetés « super ».
Les superaliments peuvent faire partie d’une alimentation saine, mais ils ne devraient jamais être la seule source de nutriments. Une alimentation variée et équilibrée, composée de fruits, de légumes, de céréales complètes, de protéines maigres et de bonnes graisses, reste la meilleure façon d’optimiser sa santé et son bien être.
Conclusion
Les superaliments ne sont pas une solution miracle. Bien qu’ils offrent certains avantages nutritionnels, ils ne devraient pas être considérés comme supérieurs à d’autres aliments courants, souvent plus accessibles. L’essentiel est de maintenir une alimentation diversifiée, riche en nutriments et adaptée à ses besoins individuels. Après tout, ce n’est pas un seul aliment qui fait la différence, mais l’équilibre global de votre alimentation. Les superaliments peuvent compléter une alimentation saine, mais ils ne remplacent pas les bonnes habitudes alimentaires.
© Aude Annonier, 2024.

